Le F.A.C.R est en danger ! !

23 novembre 2020

Salut à toi, autrice et auteur, preneuse et preneur du son, réalisatrice et réalisateur, monteuse et monteur, comédien et comédienne, musicien et musicienne, bruiteur et bruiteuse, auditeur et auditrice.

A toi, qui aime la radio

La Commission Consultative du Fonds d’Aide à la Création Radiophonique a remis, à la Ministre Bénédicte Linard, ses avis sur les projets soumis lors de l’appel à projets de juin (FACR).
Nous venons d’apprendre que le gouvernement ne suit pas l’avis de la commission consultative du Fonds d’Aide à la Création radiophonique (FACR).Il en résulte que deux tiers des projets sélectionnés ne seront pas soutenus.

Il en résulte que deux tiers des projets sélectionnés ne seront pas soutenus.

Nous ne comprenons pas, en ces temps de crise sanitaire qui impactent durement les artistes, comment il se fait qu’on réduise aussi fortement les enveloppes dédiées à la création et à l’emploi artistique.Afin d’exercer une pression sur le gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles, nous vous invitons à reprendre, telle quelle et en votre nom, la lettre ci-dessous et à l’envoyer séparément aux destinataires suivants:
Pierre Yves Jéolet, Ministre-Président de la Fédération Wallonie Bruxelles, info.jeholet@gov.cfwb.be
Fréderic Daerden, Vice-Président de la Fédération Wallonie Bruxelles, frederic.daerden@gov.cfwb.be
Bénédicte Linard, Ministre de la Culture, des Média et des Droits des femmes linard@gov.cfwb.be

Nous vous invitons également à relayer au maximum cette initiative parmi vos contacts et sur les réseaux sociaux.

Et pour mémoire, relisez notre article et notre carte blanche qui annonçait déjà les problèmes à venir : ICI

Merci à vous toutes et vous tous !

La Commission Consultative du Fonds d’Aide à la Création Radiophonique a remis, à la Ministre Bénédicte Linard, ses avis sur les projets soumis lors de l’appel à projets de juin (FACR). Nous venons d’apprendre que le gouvernement ne suit pas l’avis de la commission consultative du Fonds d’Aide à la Création radiophonique (FACR).Il en résulte que deux tiers des projets sélectionnés ne seront pas soutenus.

Merci à vous toutes et vous tous !



Lettre aux Ministres:

Madame, Messieurs les Ministres,

Nous venons d’apprendre que le gouvernement refuse de suivre l’avis de la commission consultative du Fonds d’Aide à la Création radiophonique (FACR).Les conséquences de cette décision sont catastrophiques pour les professionnel.le.s de la radio: deux tiers des projets sélectionnés par cette commission ne seront pas financés. L’emploi des artistes est, encore une fois, mis à mal.

65% de projets non financés, ce sont 26 productions qui ne verront pas le jour; 26 équipes sans travail; 26 œuvres qui ne seront pas mises en ondes sur les radios associatives, nationales et internationales.

65% d’œuvres non financées, ce sont 65% de promesses de diffusion qui ne seront pas honorées; à minima 1300 minutes d’absence, de bruit pour combattre le vide.

65% de projets non-financés – après avoir passé la semaine à barrer dans l’agenda la tournée prévue, la sortie en salle du film, de la création théâtrale, le concert, l’atelier d’écriture, la lecture, l’enregistrement en studio, après avoir rebondi, trouvé des solutions pour faire autrement, lutté contre l’enfermement avec toute la créativité dont on est capable, etc – c’est être contraint d’accepter l’absurde disparition de son travail.

Car le secteur de la radio de création rassemble des artistes issus d’horizons divers tels que le cinéma, le théâtre et la littérature. Tout un pan de la société durement impacté par la crise actuelle: des travailleurs mis au chômage, des liens rompus.
Le travail des artistes crée la possibilité d’échanger avec des inconnus avec qui, le temps d’une œuvre, nous faisons monde commun. Cela manque aujourd’hui. Alors que partout on parle d’adoucir cette privation, pourquoi leur travail n’est-il pas davantage financé ?

Je défends la radio de création : c’est un médium extraordinaire et populaire, un espace pour faire ensemble. En temps de confinement comme en temps de privation de liberté, elle est un des médiums qui relie des mondes séparés. C’est la possibilité de laisser entrer dans nos quotidiens des imaginaires que nous n’avons pas encore, les récits de ceux et celles que nous ne connaissons pas, des couleurs et des ambiances de lieux qui nous deviennent proches malgré l’éloignement physique, l’impossibilité de toucher.

Cette radio, les artistes et technicien.ne.s peuvent la fabriquer dans le respect des gestes barrières et des distances de sécurité à chacune et toutes les étapes de confection d’une œuvre: tournage, montage, mixage, diffusion.
Oui, le domaine de la radio de création est un des rares secteurs d’emploi artistique qui peut continuer pleinement son activité! Ne manque que la volonté politique et le budget pour financer l’emploi plutôt que le chômage.

Pour toutes ces raisons, je demande que les budgets de la création radiophonique soient augmentés.

D’autant que, depuis 2009, le Fond d’Aide à la Création Radiophonique, alimenté par les recettes publicitaires des opérateurs, a connu une augmentation spectaculaire. Il est passé de 200.000 euros à 1.600.000 euros, soit une augmentation de 800%.

L’argent accumulé depuis 2009 constitue une réserve non dépensée à ce jour. Cependant l’enveloppe de l’aide aux projets n’a pas augmenté.Une commission de sélection composée d’expert.e.s reconnu.e.s a retenu 3/5ème des projets déposés… plus de 60% des propositions émises par des créateurs et créatrices radio.En utilisant les réserves accumulées depuis onze ans, je vous demande de tenir compte de leur avis et de libérer les budgets nécessaires à la mise en œuvre des projets sélectionnés. Je plaide pour un financement décent, une multiplication des appels à projets et d’œuvres à même de combattre l’isolement de tous et chacun.e ainsi que le chômage artistique. Le silence, comme le chômage, n’est pas une fatalité. Les réserves existent, utilisons-les!

La radio de création, c’est un éveil à des présences autres. Vous n’en avez pas besoin? Moi, si. Tout particulièrement en cette période.

Dans l’attente de vos nouvelles, veuillez agréer, Mesdames, Messieurs les Ministres, mes meilleures salutations,

L’aide à la création radiophonique vampirisée par le Ministre Marcourt

21 mai 2019


L’aide à la création radiophonique vampirisée par le Ministre Marcourt

La création radiophonique belge francophone est une des plus inventives et singulières dans le paysage européen. Depuis de nombreuses années, les œuvres de nos  auteur.trice.s. sont récompensées dans les plus grands festivals mondiaux. Si cette créativité s’est déployée avec tant de force, c’est grâce au soutien d’un outil essentiel, unique en Europe : le Fonds d’Aide à la Création Radiophonique (FACR).
Or, le 12 décembre dernier, le Ministre Marcourt a octroyé de manière discrétionnaire pour les quatre années à venir, 32,5% de ce Fonds à la SCRL maRadio.be : filiale de la RTBF créée par elle et les Groupes RTL/Contact et FUN en 2013.
C’était la veille de Noël nous direz-vous…

Mais voilà, cette dotation aussi inexplicable qu’inexpliquée à l’heure où nous écrivons ces lignes, a une conséquence très concrète. Elle prive le Fonds d’Aide à la Création Radiophonique des moyens nécessaires à la conduite de sa mission essentielle : l’aide à la création radiophonique.
Pour mieux comprendre la véritable déflagration que représente cette décision, un petit rappel historique s’impose.

En 1991 est créé par décret le F.A.C.R de la Communauté française de Belgique. Son financement est aussi simple qu’astucieux : en contrepartie de l’autorisation d’insérer de la publicité commerciale dans leurs programmes, la RTBF et les réseaux commerciaux doivent désormais participer financièrement à la promotion et au développement de la création radiophonique. 
À partir de 2001, outre l’aide aux projets de création radio – documentaires, fictions, créations musicales et magazines culturels -, le FACR va également financer l’Atelier de Création Sonore et Radiophonique. Cette structure d’accueil encadre et forme des auteur.trice.s, assure la promotion de leurs œuvres, organise des festivals et des écoutes publiques… 
La mise en route effective du financement du FACR fut difficile. Il fallut 18 années pour que l’ensemble des radios commerciales y contribuent. En 2009, ces nouvelles recettes permirent au gouvernement  d’allouer des subsides aux radios associatives.Le paysage de la création radiophonique se construisait avec intelligence et vision.
Mais, rapidement, un nouvel enjeu apparut : la transition numérique dont un décret de 2012 intégrera le soutien comme nouvelle mission du FACR. Année après année environ 42% de ses recettes sont systématiquement mises de côté et semblent comme gelées… « C’est l’argent du DAB+… » nous disait-on. L’intention était louable mais la transition numérique radiophonique, ne fut jamais définie.  On aurait pu s’attendre à ce que son financement par le FACR concerne la réalisation de podcasts natifs ou les frais de fonctionnement de la radiodiffusion numérique des radios indépendantes.  

Rien de tout cela ne sera plus possible, puisque le cadeau fait par le Ministre Marcourt à la RTBF et aux plus gros réseaux de radios commerciales alloue la totalité des ressources du FACR destinés à la transition numérique à un unique opérateur et ce jusqu’au 1 janvier 2023.

Un tel cadeau est incompréhensible eu égard aux plus de cent millions de dividendes payés aux actionnaires luxembourgeois et français de ces deux réseaux depuis 2009. Et il est inacceptable que le tiers de la contribution de la RTBF et des réseaux commerciaux aux recettes du FACR soit « renvoyé aux expéditeurs » via une société commerciale qu’ils contrôlent. 
De plus, pour créer les contenus qui font la richesse du paysage radiophonique, il faut des œuvres. Or, l’enveloppe consacrée à l’aide aux projets n’a pas été augmentée. Depuis 2011 cette aide plafonne aux alentours de 330.000 €. En 2019, elle est redescendue à 321.000 €. 

Faute d’ajustement des moyens financiers, l’économie de ce secteur est largement précarisée. Il ne manque pourtant pas de vitalité comme en attestent les multiples récompenses remportées par nos auteur.trice.s.
Il était possible de rééquilibrer le budget du FACR. Il y avait les marges budgétaires pour lui permettre de réaliser pleinement ses missions originelles. Mais, au lieu de poser ce choix politique, il y a quelques mois, M. Marcourt, notre ministre des médias a choisi d’attribuer à la SCRL maRadio.be 32,5 % des recettes du FACR pour les 4 années à venir (soit un peu plus de 2 millions d’euros prévus par leur convention.) Ceci dans la plus grande opacité, tant au niveau de la procédure d’attribution que des objectifs fixés en contre partie, et cela sans aucune consultation des instances d’avis.

Alors nous posons les questions suivantes:

– Ne devrions-nous pas exiger de Monsieur Marcourt, ministre des médias, de s’imposer la même discipline que le ministère de la culture où les financements discrétionnaires du seul chef d’un ministre sont désormais rendus impossibles par la récente entrée en vigueur du décret sur la gouvernance culturelle?

– Pourquoi restituer à la RTBF et aux réseaux commerciaux une partie importante de leurs propres contributions au financement du FACR ?
– Que signifie ce choix qui prive le Fonds d’aide du tiers de son budget au profit d’une société constituée par les plus grosses radios commerciales qui engrangent chaque année plus de profits ?
– Comment se fait-il qu’il n’y a eu aucun appel public et que ce soutien considérable ait été décidé sans aucune consultation ni du CSA ni de la Commission Consultative du FACR ?
– Suite à ce choix inexplicable, la mission la moins financée par le Fonds d’aide à la création radiophonique se trouve être celle de… la création radiophonique. N’y a t il pas là un dysfonctionnement ?

Dysfonctionnement d’autant plus choquant que chaque œuvre créée grâce à l’aide du FACR s’élabore avec l’apport de multiples professionnels : scénaristes, réalisateur.trice.s, comédien.ne.s, preneur.euse.s de son, monteur.euse.s, mixeur.euse.s,musicien.ne.s… 

Pourquoi la Fédération Wallonie-Bruxelles ne choisit-elle pas d’utiliser les ressources disponibles pour lutter contre le chômage de nos artistes et créateurs ?

Monsieur le Ministre, Mesdames et Messieurs les parlementaires nous souhaiterions avoir des explications.

L’ASAR (l’AsSociation des Auteur.trice.s , réalisateur.trice.s, producteurs.trice.s Radio) et l’ASBL Airs Libres

Avec le soutien de
-La CRAXX (Coordination des Radios Associatives et d’eXXpression)
PRO SPERE, Fédération d’associations professionnelles d’auteurs.trices qui rassemble: La SACD, La SABAM, La SCAM, l’Association des Réalisateurs et Réalisatrices de Film (ARRF), l’Association des Scénaristes de l’audiovisuel (ASA), L’Union des Artistes de Spectacle (UAS) et Cinéma Wallonie